BOURG de BULCY au MOYEN-AGE :

 

Une MOTTE CASTRALE * fut édifiée sans doute au XIII è siècle (1) dans le secteur de l’actuelle église . Cette motte fut vendue au prieur de La Charité en 1303 moyennant 20 livres (2). Du château dont les ruines couvrent le sol à l’Est et au Nord de l’église, il n’en reste que la courtine Ouest et une grosse tour ronde découronnée, flanquée d’une tourelle d’escalier. La tour semble dater du XIIIè siècle, ses murs sont épais d’un mètre et demi ; la courtine ** autrefois couronnée d’un chemin de ronde, percée de 5 larges baies cintrées à meneaux de la première moitié du XV è siècle va rejoindre une tour carrée sans doute ancienne, mais sans caractères, à l’angle Nord-Est. Des débris de murs et des traces de fossés permettent de retrouver le plan du château qui était carré.

  1. De Soultrait : Statistique Monumentale pour le canton de Pouilly sur loire , Almanach de la Nièvre 1859.

  2. René de Lespinasse : Cartulaire de la Charité 1887.

* (un château) **(muraille reliant deux tours)

Répertoire archéologique du département de la Nièvre par de Soultrait 1875

 

 

Pavillon carré
Pavillon carré

Un PRIEURE relevant de celui de La Charité est installé sur les lieux mêmes de la motte castrale. Ce prieuré ne semble pas être demeuré en activité jusqu’à la Révolution. Dans l’estimation des Biens et Bâtiments du Prieuré de la Charité établie en 1793, on lit en effet que le Domaine de Bulcy se compose : « d’une maison susceptible de réparations, d’une chambre, poulailler, grange, deux écuries en assez bon état, une vieille tour, un ancien vivier et un jardin… » auxquels il convient d’ajouter trois prés, deux chènevières et l’équivalent de 45 hectares de terres.

 

Plus loin, en direction de la rivière le Mazou, un PAVILLON CARRE de facture plus récente, pourrait avoir appartenu à l’ensemble monastique.

La CAVE VOÛTÉE :

Non loin de là, sous une habitation de construction assez récente (19è ou début 20è siècle), existe encore la « fort belle cave voûtée en berceau ogival »que décrit de Soultrait en 1859, et qu’il date du XIIIè siècle, comme devant être une dépendance du château. « Divisée en deux travées par un arc doubleau porté sur de simples consoles », cette cave d’environ 11m sur 6m et 6m de hauteur, débouche au Nord, en plein champ, par un passage également voûté en berceau ogival, tout entier situé maintenant sous la route de Mesves, et dont l’entrée est en anse de panier.

Les Annales des Pays Nivernais  no 48  1986.

 

Dans cette cave, à gauche, un autre passage voûté débouche sur une cave toujours voûtée mais de plus petites dimensions.       

Le MANOIR :

Dans le bourg, à quelques mètres du chevet de l’église, le manoir offre encore sa double rangée d’arcades – pierre au rez-de-chaussée, bois à l’étage— et la tourelle carrée qui contient l’escalier. « D’une architecture unique en Nivernais, il paraît avoir été édifié au XVII è siècle » écrit monsieur de Gauléjac dans le numéro 32 des Annales des Pays Nivernais.

 

 

Le COLOMBIER du manoir qui se tient en retrait, à l’Est, est inscrit depuis 1976 à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Depuis quelques années tout cet ensemble est en cours de restauration par les nouveaux propriétaires.  

Le MOULIN :

Situé sur la rivière le Mazou, à l’entrée du bourg, après le hameau de Neuville, ce moulin paraît dater du XVè siècle. Moulin à deux roues, il était avant la Révolution propriété des Bénédictins de la Charité, et se composait alors « d’une maison, boulangerie, écurie, cour, place, chènevière, une grange et un jardin de cinq boisselées de terre de première qualité ».

Charles Gardette 

Recherches de Martine Collin-Pincin         27 septembre 2019.         

 

 

LA CARRIERE DE BULCY :

Encore exploitée à la fin du XIXè siècle, en particulier par Pierre Souques propriétaire à Mesves, elle fut abandonnée au lendemain de la Première  Guerre mondiale après avoir connu un regain d’activité en 1918 avec l’aménagement du Camp Américain de Mesves-sur-Loire. Son exploitation remonte à des temps très anciens puisque l’on sait que la pierre de Bulcy, transportée jusqu’à Mesves par le Mazou, était embarquée sur la Loire au Chantier blanc pour être employée, en aval, à certaines constructions, en particulier à celle de l’abbaye de Fleury au sud d’Orléans, édifiée au VIIè siècle , et qui deviendra plus tard celle de Saint-Benoit-sur-Loire, avec son église abbatiale du XIè siècle.

Charles Gardette

 

 

NEUVILLE (hameau de Bulcy)

Le château de NEUVILLE :

De la route qui conduit de Bulcy à Garchy, on peut voir se détacher sur la hauteur, au nord, en traversant le hameau de Neuville, les deux tours carrées de l’ancien château qui en 1550 était déjà en ruines (1).

Il ne semble pas que la construction ait été relevée depuis, si ce n’est qu’entre les deux tours carrées, un bâtiment en rez-de-chaussée, aujourd’hui aménagé en pièces d’habitation, et qui a sans doute repris des structures plus anciennes, ferme au Sud un espace rectangulaire à ciel ouvert. Les vestiges d’une cheminée au niveau de ce qui fut un premier étage, sont encore visibles sur la paroi Ouest, tandis que la face Est est éventrée. Au Nord, une tour ronde aujourd’hui découronnée, mais que des cartes postales du début du XXè siècle montrent encore couverte, s’appuie sur muraille assez élevée. Au-dessus d’un rez-de-chaussée voûté dont les murs sont percés de meurtrières d’arquebuses à pierre tournante (2), l’espace à été aménagé en pigeonnier à une époque assez récente puisque l’un des pots qui constituent les nichoirs porte la date de 1787…

 D’après les auteurs du Nivernois (3), « Hugues de Donzy donne à Gérard, fondateur du Prieuré de La Charité (donc vers 1059), sa terre et seigneurie de Neuville . « En 1598, selon de Soultrait, le fief appartenait à Denis de La Vigne, seigneur de Bulcy, et Anne Duverne, sa femme.(4) Au cours du XVIII è siècle il fut entre les mains des Rameau de La Barre établis dans la paroisse voisine de Garchy depuis la fin du XVII è siècle (5).

A la veille de la Révolution, Neuville est la propriété de la famille Roger, de La Charité, dont l’une des filles Marie, devait épouser Guillaume Hide, maître de forges, d’origine anglaise, installé en France vers 1750. Leur fils, Jean-Guillaume, né à La Charité en 1776, prit le nom d’Hyde de Neuville. Membre du club royaliste de la rue de Clichy dès 1797, il sera l’un des principaux agents des Bourbons. Elu député de la Nièvre à plusieurs reprises de 1815 à 1830, il occupera sous Louis XVIII les postes de Ministre plénipotentiaire aux Etats-Unis et d’Ambassadeur au Portugal. Il deviendra sous Charles X, en 1828, et pour quelques mois seulement, Ministre de la marine. Après le Révolution de juillet, il quitte les affaires. Il meurt à Paris en 1857

Charles Gardette

 

(1)    de Soultrait, Almanach de la Nièvre 1859

 

 

(2)    Première arme à feu portative, l’arquebuse fut utilisée en France de la fin du XV è siècle au début du XVII è siècle. La tour ronde Neuville, tour défensive à l’origine, pourrait donc au plus tard dater des dernières années du XV è siècle.

(3)    Le Nivernois, par Barat, Morellet, Bussière  Nevers 1838

(4)    De Soultrait, ouv cité.

(5)    Arch. Privées et Arch. Départ. , dossiers des communes : Bulcy  

 

Un acte de vente sur parchemin du 22 avril 1501 (1) relate la vente faite par Philippon Barathon, laboureur, demeurant à Montclavin (paroisse de Garchy) d’une maison et de plusieurs champs situés à Neuville, à noble homme Martin Pollet, écuyer, et demoiselle Marie, sa femme, seigneur et dame de Neuville en partie. Les terres vendues joignaient celles de nobles hommes Jean de Saury et Etienne du pré.

Dans une note trouvée aux archives de Segange on explique que la terre de Neuville était divisée en trois parties bien distinctes et contiguës. La première, dite « le grand Neuville » ou « La Neuville du Vaudre », était celle achetée par Edme du Broc, la seconde qui fut à Jean de Marafin, était appelée « l’ ancien Neuville », la troisième, dite « le petit Neuville » appartenait au seigneur de Mouron (2). L’ancien et le grand Neuville furent longtemps au même propriétaire. Le grand père de Léonard Trappes les possédait tous les deux, les ayant acquis le 5 janvier 1610 de la veuve de M de Fontaine de Clèves ( sans doute Guyonne de La Grange qui avait épousé Claude de Clèves , seigneur de Fontaines).

M de Fontaines avait acheté Neuville le 5 décembre 1602, de Jean Guillaume et de sa femme demeurant à La Charité. Ce dernier l’avait eu par héritage de Pierre Morisset, qui l’avait acheté le 19 juin 1580 aux sieur et dame de Marafin. D’après l’inventaire de Marolles, Jean du Vaudre, fils de François, demeurant  paroisse de Budin (Bulcy ?), mari de Françoise de Boutenay (lire sans doute Fontenay), vendit en 1567 le lieu et seigneurie de Neuville au même Pierre Morisset, marchand à La Charité. Celui-ci fut donc possesseur à la fois de l’ancien et du grand Neuville.

Cette division de Neuville en trois parties nous semble confirmée par les aveux trouvés dans « l’Inventaire de marolles », col 565, savoir en 1533-34 : Aimée de Fontenay, veuve de Jean Marafin, pour partie de la Neufville; Claude Dabeul, écuyer, idem; François de Vauldrey, idem. Ce dernier était le père de jean de Vaudre : nous avons trouvé dans Marolles ou nos archives, son nom indistinctement écrit Vaudre ou Vauldrey.   

  Charles Gardette

 

(1)    Arch de Segange

 

(2)    Ce devait être Jean des Prez