La fonction de garde champêtre est très ancienne; comme on le remarque le terme "champêtre" est dérivé du mot -champ-.

A l'époque gallo-romaine, on utilisait le terme de "messier". Ce messier était celui qui gardait les récoltes, les moissons dans les champs.

Le messier était l'ancêtre des gardes ruraux employés par les seigneurs locaux.

La police rurale remonte au haut moyen-âge. En effet, en 1298 Philippe IV Le Bel a légiféré sur le recrutement et la condition du garde champêtre.

Sous le règne de Louis XIV le garde champêtre, en plus de la surveillance des récoltes, a pour nouvelle fonction la surveillance du "droit exclusif de chasser" (1669) (droit réservé à la noblesse).

Sous la férule des seigneurs, les gardes champêtres sont forcés d'exercer une répression impitoyable envers les braconniers et les glaneurs.Tout ceci sera aboli en août 1789 par la disparition du droit exclusif de la chasse ainsi que la justice seigneuriale.

Il en résultera que de 1789 à 1791 le monde rural est libre et les champs ne sont plus gardés; mais des exactions eurent lieu et les gardes réapparaîtrons très vite.

Plus près de nous, au XXème siècle, le garde champêtre était le personnage incontournable de la vie des villages; il avait le droit de" dresser procès verbal" et les contrevenants le craignaient. Il avait aussi une mission plus sympathique qui engendrait sa popularité: en effet, il était chargé d'annoncer les "nouvelles" à la population.(n'oublions pas que vers les années 1950, les postes de téléphone étaient fort rares dans les foyers ainsi que les postes de radio et plus rares encore les postes de télévision)

Le garde champêtre annonçait le passage du percepteur, les festivités du 14 juillet, les coupures d'eau ou d'électricité, le ban des vendanges, les vaccinations collectives,les réunions de chasse etc...  

Paul Picq 1994
Paul Picq 1994

Il s'arrêtait à tous les carrefours du bourg et des hameaux. Après un roulement de tambour ou au son de la corne, tous les habitants du quartier sortaient rapidement sur le pas de leur porte, interrompant précipitamment leur tâche, qui son torchon, qui son balai ou son outil à la main...Tout le monde tendait l'oreille afin d'écouter  le message du jour qui commençait rituellement par: 'Avis à la population" et se terminait invariablement par: "le maire.." suivit du nom de ce dernier.

Souvent le garde champêtre était obligé de répéter l'information car il y avait toujours une personne à l'oreille peu attentive ou peu sensible..; des garnements pouvaient aussi faire un peu de diversion sonore car les lieux d'information étaient inexorablement situés aux mêmes endroits.

Lorsque tout le monde avait compris le message, les commentaires allaient bon train ! C'était en général un temps ou les relations humaines se tissaient, car on profitait de l'occasion pour papoter quelques minutes avec ses voisins, une sorte de récréation en somme. Depuis 1958 le garde champêtre n'est plus obligatoire dans les communes rurales.

Personnellement, j'ai connu les quatre derniers gardes champêtres:

   " Vincent POUVESLE:   1952/1960

   "Georges FIGEAT:         1961/1966    dit "Chicane"

   "Marcel PICQ:                1967

   "Paul Picq:                      1968/1994   dit "La Loi"

 

Paul Picq fut donc le dernier garde champêtre de la commune de Garchy. Lors de l'entretien avec le journaliste qui a écrit  un article à l'occasion du départ en retraite de Paul, ce dernier a précisé qu'il n'avait jamais fait un seul procès durant sa carrière.  C'était un "personnage" bien connu et apprécié de tous les habitants. Il était la mémoire vivante de la commune. Son grand copain, son "frère de lait" disait-il, n'était autre que l'ami Jean Bourry notre célèbre est incontournable dernier curé résidant à Garchy.  l

Concernant l'histoire de la commune, c'est Paul qui le premier m'a parlé d'un certain seigneur de Garchy "un Marafin".

Il aurait bien voulu connaître également le mystère des "églises cassées" ( les "glies cassées " comme disaient les anciens.)

Mais "tout ça c'est bien loin" disait-il.

Fort loin en effet,puisque avec ces deux sujets nous sommes à une période antérieure à 1500!

Mais il existe des interrogations qui perdurent et traversent les siècles et la mémoire collective.

Dans les années 1970, je me souviens de conversations avec de  vieilles personnes du cru qui, chez ma grand mère se posaient toujours des questions sur ces "glies cassées".

J'ai la chance d'avoir " récolté " avec émotion quelques pistes plausibles mais incertaines sur ce sujet.

Je vous communiquerai cela dans une autre rubrique.

          

                                                                                    MC